Née en 1970 à Paris, Caroline Guiraud a de toute façon une pratique du quotidien, sa vie professionnelle se remplit des enjeux des personnes qu’elle accompagne.

Même démarche de décalage des perceptions pour, sous le banal ou les apparences, éclairer, aider, orienter.

A cette aune, la pratique photographique se situe entre l’amateur éclairé et la méthode d’enquête visuelle sur les menus détails ou les aspects perceptifs qui dans nos quotidiens nous permettent de décaler, magnifier, voir déformer une approche, pour la rendre féconde ou originale.

La banalité est alors une originalité plastique. Celle du regard, mais également celle de la volonté de saisir… effleurements des surfaces journalières, autant que désir de compréhension : c’est une qualité du cliché photographique, ici rendu avec humour, douceur et parfois majesté.

C’est ainsi que depuis l’enfance, suivant comme beaucoup le passage de l’argentique, qu’elle développait elle-même, au numérique et ses moyens de diffusion, la jeune femme renseigne une époque, des milieux, des lieux et des situations. Souhaitant tout autant surprendre, que se laisser surprendre, arpentant du regard les voisinages, acceptant le ratage tout autant que le cadrage équilibré… la photographe saisit des moments où le surréel vient subrepticement auréoler le quotidien.

A cette vogue du chacun photographe, chacun en voyage, chacun équipé de l’appareil perfectionné ou quelconque, comment répondre ? Très certainement par la réflexion ou le projet d’une démarche qui, si elle compte sur le hasard, n’a en elle-même rien d’hasardeux.
 C’est là l’imperceptible écart des jeux, des réglages et des retouches maîtrisés. Ces paramètres permettent de comprendre la transfiguration qui s’opère dans les paysages de nature, dans les délicats tiraillements comme dans la spontanéité accordée à l’individu dans ses environnements qu’affectionne de prendre la photographe au cours de ses déplacements.

C’est aussi pourquoi ses images s’apprécient autant en série qu’en tirage isolé.

Singulières visions d’un ordinaire saisi sur le vif dont la plasticité photographique permet la contemplation.
Décalage perceptif dans nos vies communes, Caroline Guiraud montre combien les alentours restent sensibles quand on décide de les appréhender…
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